dimanche 6 janvier 2008

I drove all the night - kitchissime

Il doit être environ 10 heures du matin. C'est mercredi. Je n'ai pas école, et mon frère dort toujours. Depuis lundi c'est les grandes vacances et à la rentrée je passerai en CM1.
Je viens encore de me réveiller la tête en bas du lit, un pied dans le vide, et mon drap dans le sens de la largeur.
J'habite au 25ème étage d'une tour de résidence. Le dernier étage. Dans un appartement où les deux chambres d'enfants ont leur propre salle de bain et wc, séparées par un immense salon qui permet un coin télé, un coin apéro, un coin table pour repas familial, le tout est entouré de grande baies-vitrées. Quand le mistral souffle ça fait un bruit pas possible.
Au bout d'un long couloir, deux autres grandes pièces - un bureau, et la chambre de mes parents -, salle de bain, wc, et dressing-room. Ce couloir m'effraie beaucoup de nuit. Surtout quand mon chat blanc passe en courant, en essayant d'attrapper un fantôme, ou court manger ses croquettes dans le living-room, après la cuisine. C'est d'ailleurs dans cette pièce que j'ai passé de nombreuses heures à cracher mes miel pops laiteux sur ma cousine, qui me rendait très bien la pareille.
Mon pyjama avec des étoiles vertes ne me va plus. J'ai été très triste de le voir se transformer en chiffon pour la poussière. Lilia, notre ancienne femme de ménage - elle nous apportait souvent du couscous et des gateaux qu'elle préparait elle même -, doit souvent se demander pourquoi je ferme les yeux quand elle passe devant moi avec le reste de mon pyjama à la main.
Il fait chaud, alors maintenant j'ai parfois un marcel petit bateau blanc, mais je porte toujours en revanche un caleçon blanc rayé bleu ciel.
Pieds nus, toujours, je traîne jusqu'à la cuisine me préparer un bol de miel pops.
Bol en main, je retourne m'affaler dans le canapé. Mes pieds ne touchent pas le sol et j'aime bien balancer mes jambes. La baie vitrée est grande ouverte. Le bruit des cigales se mélangent au bruit du marteau-piqueur. C'est incroyable qu'ils choisissent toujours la période des grandes vacances pour démarrer leur travaux. Ca fait un bruit insupportable. Demandez à mon frère, il en sait quelque chose, lui qui dort toujours jusqu'à midi.
Encore un ciel bleu. Pas un nuage. Je vais à la plage avec Azanie et Anaïs cet après-midi. A l'abri-côtier.
Mon chat passe en courant devant moi, entame un virage et glisse sur le parquet. Elle me regarde avec ses grands yeux bleus tout rond. Moi aussi d'ailleurs, elle m'a surprise.
J'ai fini mes miels pops. La tête posée en arrière sur le canapé, je regarde les montagnes.
Mes pieds s'agitent.
Mon regard se pose sur la chaîne hi-fi.
Le cd de la veille y est toujours. Je m'assois. Pose mon bol sur le sol. Je me lève, m'approche. Je jette un oeil à la porte de la chambre de mon frère, toujours fermée. Bon. Je branche le casque de mon père, et lance le cd. Piste une.
Mon peton droit tappe discrètement sur le sol. Ma main posée sur la cuisse la tapote. Ma tête penche de droite à gauche. Je fredonne, faux bien sûr, le début de la mélodie.
Mon pied tappe plus vite sur le parquet. Ma main gauche s'amuse avec le fil du casque. Le refrain approche, burning inside , ce n'est plus tenable, je ne tiens plus et j'explose :
" AI DROOOVE OL ZE NAAAAIGHTEUH ... TOU GUET TOU YOU "
Mes pieds s'agitent, mes mains aussi.
" AI DROOOVE OL ZE NAAAAIGHTEUH ... TOU GUET TOU YOU "
La suite plus ou moins phonétiquement retranscrite par ma voix.
Je ne comprends rien aux paroles.
Je continue comme ça pendant 4 minutes 12, à la fin desquelles mon frère sort de sa chambre, me trouve debout sur le canapé, hurlant " I drove all the night ", les mains s'agitant dans les airs et mes cheveux blonds essayant péniblement de suivre le rythme.
Je ne peux que lui sourire niaisement, et continuer de danser le plus ridiculement possible, pendant que lui me regarde l'air halluciné, les cheveux en bataille et les yeux encore endormis.
Mon chat aussi me regardait, assise sur son cul.
Heureusement qu'au 25ème étage, on a pour seuls voisins les mouettes !


"And don't worry be happy, les vents tournent, le printemps sera beau. Foi de 68. "

1 commentaires:

À 13 janvier 2008 19:20 , Blogger Naynay a dit...

Pour avoir entendu ta version phonétique des sucettes d'Annie, je ne peux que me sentir proche des yeux hallucinés de ton frère ^_^

Zoubi

 

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