samedi 26 janvier 2008

mamie blues

9h ! Plus ou moins. Je ne sais plus vraiment combien de fois j'ai réenclenché mon réveil pour qu'il resonne 5 minutes plus tard.
Je tâtonne, et je finis par trouver la télécommande de ma chaîne hi-fi. J'appuie au hasard sur un peu tous les boutons que rencontre mon pouce. Click et une douce lueur orange envahit ma chambre.
Mes yeux discernent mes pieds dépassant de mon épaisse couette, deux places. Je me sens toute petite dans mon lit. Cette nuit je n'ai pas perdu ma paire de chaussettes rose, épaisse, moelleuse, spéciale "nuit d'hiver - nuit de célibataire". Oui, je n'aime pas dormir avec les pieds froids, c'est la vie.
En fond sonore, des violons. Barry White ! Et sa voix rauque qui me chante de bon matin "The first, my last, my everything". C'est pas tous les matins qu'on me le dit. C'est même ... jamais. Ok. Mes pieds frétillent.
Je tombe du lit, enfile mon bas de pyjama. Le soleil s'engouffre à mesure que mon store automatique remonte, mes fesses se trémoussent. " You make me feel this way, You're like a fresh morning dew on a brand new day". Je me sens tout à coup complètement ridicule. Fin de Barry White.
Je cherche un pull. Feist enchaine avec sa dernière chanson "one, two, three, tell me that you love me more". Tête dans le cul, voix aussi rauque que celle de Barry, je tente de chanter avec elle. Mais... Mais non. Je décide donc de parler à mon chat, tout en changeant de paire de chaussette.
Mon chat ne comprend pas ce que je baragouine de bon matin.
Je change de station de radio, et tombe sur Madonna " i've got you under my skin". Ouais bon, ben pour le moment moi ce que j'ai sous la peau c'est un bloc de glace, je pense tout en cherchant mon plaid spécial "matin d'hiver-matin polaire".
Je soupire, regarde mon chat qui continue de dormir, me lève, ouvre ma porte, et entends un "hé ben t'es pas pressée ce matin". Je referme ma porte.
J'ai oublié de mettre ma dose matinale de labello.
James Blunt se lamente "did i disappoint you, or let you down ?" L'image de son clip où il est assis seul sur son lit, me fait soudainement écho. Point positif : je n'ai pas sa gueule de con !
Peu importe, rouvrons la porte.

22h27. Mon dos me fait souffrir, mes genoux sont douloureux, et mes pieds n'ont eu qu'un objectif en tête toute la journée : retrouver mes chaussettes de nuit. C'est chose faite.
Mon double cd de K'S Choice Live, le rouge, tourne.



La joie de vivre m'habite en permanence. Non ?
Bon voilà faisons un point. Il y a des périodes où elle m'habite mais s'éclipse à maintes reprises pour laisser place à l'humeur triste. Bon et après. Qui ne connait pas ça ?
Après l'oeil du cyclone en Juin, la tornade et l'ouragan réunit en Août, le chaos en Septembre, j'ai toujours pas droit à un été indien ? Une bonne grosse période de béatitude, la bouche ouverte comme un toutou à la fenêtre de la voiture, la langue sur le côté, parsemée de mouches collées, les oreilles volant au vent, le regard mi clos, empli de bonheur. Non ? Toujours pas ?
Il ne me reste plus qu'à attendre le mois d'Avril-Mai. Je vais retrouver l'ambiance du muguet. Les tentes sous la serre, les réveils à 4h du mat, l'haleine du patron de bon matin, les petits dej' pris au lever du soleil, les mains dans la terre ... Une parenthèse, une coupure dans ma vie fort agréable.
Puis ensuite ce sera l'été rapidement. Et cette fois-ci je serai aussi légère que le vent !



dimanche 6 janvier 2008

I drove all the night - kitchissime

Il doit être environ 10 heures du matin. C'est mercredi. Je n'ai pas école, et mon frère dort toujours. Depuis lundi c'est les grandes vacances et à la rentrée je passerai en CM1.
Je viens encore de me réveiller la tête en bas du lit, un pied dans le vide, et mon drap dans le sens de la largeur.
J'habite au 25ème étage d'une tour de résidence. Le dernier étage. Dans un appartement où les deux chambres d'enfants ont leur propre salle de bain et wc, séparées par un immense salon qui permet un coin télé, un coin apéro, un coin table pour repas familial, le tout est entouré de grande baies-vitrées. Quand le mistral souffle ça fait un bruit pas possible.
Au bout d'un long couloir, deux autres grandes pièces - un bureau, et la chambre de mes parents -, salle de bain, wc, et dressing-room. Ce couloir m'effraie beaucoup de nuit. Surtout quand mon chat blanc passe en courant, en essayant d'attrapper un fantôme, ou court manger ses croquettes dans le living-room, après la cuisine. C'est d'ailleurs dans cette pièce que j'ai passé de nombreuses heures à cracher mes miel pops laiteux sur ma cousine, qui me rendait très bien la pareille.
Mon pyjama avec des étoiles vertes ne me va plus. J'ai été très triste de le voir se transformer en chiffon pour la poussière. Lilia, notre ancienne femme de ménage - elle nous apportait souvent du couscous et des gateaux qu'elle préparait elle même -, doit souvent se demander pourquoi je ferme les yeux quand elle passe devant moi avec le reste de mon pyjama à la main.
Il fait chaud, alors maintenant j'ai parfois un marcel petit bateau blanc, mais je porte toujours en revanche un caleçon blanc rayé bleu ciel.
Pieds nus, toujours, je traîne jusqu'à la cuisine me préparer un bol de miel pops.
Bol en main, je retourne m'affaler dans le canapé. Mes pieds ne touchent pas le sol et j'aime bien balancer mes jambes. La baie vitrée est grande ouverte. Le bruit des cigales se mélangent au bruit du marteau-piqueur. C'est incroyable qu'ils choisissent toujours la période des grandes vacances pour démarrer leur travaux. Ca fait un bruit insupportable. Demandez à mon frère, il en sait quelque chose, lui qui dort toujours jusqu'à midi.
Encore un ciel bleu. Pas un nuage. Je vais à la plage avec Azanie et Anaïs cet après-midi. A l'abri-côtier.
Mon chat passe en courant devant moi, entame un virage et glisse sur le parquet. Elle me regarde avec ses grands yeux bleus tout rond. Moi aussi d'ailleurs, elle m'a surprise.
J'ai fini mes miels pops. La tête posée en arrière sur le canapé, je regarde les montagnes.
Mes pieds s'agitent.
Mon regard se pose sur la chaîne hi-fi.
Le cd de la veille y est toujours. Je m'assois. Pose mon bol sur le sol. Je me lève, m'approche. Je jette un oeil à la porte de la chambre de mon frère, toujours fermée. Bon. Je branche le casque de mon père, et lance le cd. Piste une.
Mon peton droit tappe discrètement sur le sol. Ma main posée sur la cuisse la tapote. Ma tête penche de droite à gauche. Je fredonne, faux bien sûr, le début de la mélodie.
Mon pied tappe plus vite sur le parquet. Ma main gauche s'amuse avec le fil du casque. Le refrain approche, burning inside , ce n'est plus tenable, je ne tiens plus et j'explose :
" AI DROOOVE OL ZE NAAAAIGHTEUH ... TOU GUET TOU YOU "
Mes pieds s'agitent, mes mains aussi.
" AI DROOOVE OL ZE NAAAAIGHTEUH ... TOU GUET TOU YOU "
La suite plus ou moins phonétiquement retranscrite par ma voix.
Je ne comprends rien aux paroles.
Je continue comme ça pendant 4 minutes 12, à la fin desquelles mon frère sort de sa chambre, me trouve debout sur le canapé, hurlant " I drove all the night ", les mains s'agitant dans les airs et mes cheveux blonds essayant péniblement de suivre le rythme.
Je ne peux que lui sourire niaisement, et continuer de danser le plus ridiculement possible, pendant que lui me regarde l'air halluciné, les cheveux en bataille et les yeux encore endormis.
Mon chat aussi me regardait, assise sur son cul.
Heureusement qu'au 25ème étage, on a pour seuls voisins les mouettes !


"And don't worry be happy, les vents tournent, le printemps sera beau. Foi de 68. "